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Jacques-Désiré Périatambée : “C’est grâce à Grenoble que j’ai pu aller en Ligue 1 “
Alors que le football est logiquement à l’arrêt et que la période est au confinement pour nos joueurs, dirigeants et staffs sportifs ou administratifs, le GF38 vous propose, pendant cette période, d’aller à la rencontre d’ anciens du club.
Suite de la série avec Jacques-Désiré Périatambée (à droite), milieu défensif grenoblois de 2000 à 2003.
Tu as arrêté ta carrière de footballeur en 2012, que deviens-tu depuis?
“Je suis toujours en Corse, à Borgo, dans la banlieue de Bastia. Après ma carrière, terminée donc au Sporting de Bastia, ma famille et moi nous sentions très bien là-bas et nous y sommes restés. Je suis aujourd’hui dans l’immobilier, la gestion de patrimoine plus précisément. J’ai la chance de bosser avec quelques joueurs de foot, en France mais aussi en Italie donc ça me permet de garder le contact et de part mon expérience, je peux leur éviter de faire certaines erreurs.”
Plus de lien direct avec le foot, donc?
“Jusque-là, non…mais le foot m’a rattrapé (rires). A la base, j’étais un simple père qui accompagnait son fils au foot avant que le coach me demande de le remplacer suite à une opération. Depuis, j’y ai pris goût, mon fils a changé de club pour aller à Borgo donc j’ai aussi dépanné là-bas jusqu’au mois de février où le Sporting Club de Bastia m’a appelé pour entraîneur les U16 régionaux bien que je ne dispose pas de diplôme. Encore une fois, je n’étais pas destiné à ça mais le foot m’a rattrapé (rires).”
Ta carrière a pourtant été très longue en terminant, en 2012, à…37 ans !
“Je n’aurais jamais pensé finir si tard. Alors oui j’ai beaucoup fait attention à moi, mon corps, ma récupération mais j’ai aussi eu l’impression de profiter des bonnes choses. Plus on vieillit et plus on connaît son corps et on voit que des mecs comme Hilton ou Nivet jouaient encore au top niveau la saison dernière à 40 ans. Moi, physiquement je pouvais même poursuivre et j’avais été appelé par le Poirée-sur-Vie il me semble qui jouait en National. Mais j’ai fait le choix de la stabilité pour rester en Corse.”
Durant ta carrière tu as remporté une Coupe Gambardella (AJ Auxerre en 1993), deux titres de champion de National (GF38 en 2001 et SC Bastia en 2011), un titre de champion de Division 2 (SC Bastia en 2012) et une autre accession en Division 1 (Le Mans en 2005), t’étais-tu fixé autant d’objectifs à tes débuts?
“Je suis arrivé de l’Île de la Réunion à 16 ans et à Auxerre. Une fois dans le centre de formation, le premier rêve commence et rapidement, le but c’est de signer un contrat professionnel. Ensuite, quand c’est fait on veut à la fois jouer d’où mon prêt rapidement à l’ESTAC qui a payé. Puis, quand on enchaîne les matchs, on se prend au jeu et on veut connaître ce qui se fait de mieux c’est à dire la Ligue 1. C’est ce qui est arrivé pour moi. Tout s’est construit petit à petit…”.
Tu as connu deux descentes (de D1 à D2 avec Le Mans en 2004 et de D2 à National avec Bastia en 2010). Mais, à chaque fois tu es resté au club et est remonté la saison suivante…
“Les deux situations étaient différentes. La première, au Mans, on avait beaucoup de jeunes qui ne connaissaient pas le niveau donc il fallait nous adapter. Finalement, on termine fort mais on échoue à deux ou trois points du maintien. Je termine latéral droit alors que mon poste était milieu axial et le FC Nantes voulait me recruter à ce poste-là. Mais Le Mans voulait remonter donc je reste, comme tous les joueurs sauf Fabrice Pancrate qui signait au PSG. On avait une super équipe mais on a eu du mal en pensant peut-être qu’on allait remonter facilement. C’était quand même chose faîte. A Bastia, la descente était peut-être un mal pour un bien puisque ensuite on a enchaîné deux montées de National à Ligue 1. L’ambiance était incroyable. Là-bas, les gens adorent le foot et ça se sent. Les gens l’oublient peut-être mais le Sporting club de Bastia est le premier club français à avoir joué une finale de Coupe de l’UEFA (1978). “

Revenons sur tes années au GF38, comment se passe, à l’époque, ton arrivée en 2000?
“J’arrive après une saison totalement blanche. En effet, j’étais à l’AJA et le 30 août, alors que le mercato va terminer, Guy Roux vient me dire que je dois partir car je ne jouerai pas, ni même en CFA2 avec la réserve. C’était bien trop tard, ma femme était en plus enceinte. Je suis donc resté une saison à m’entraîner, j’ai du faire 4 ou 5 matchs en réserve quand ils ont eu besoin. En avril, Max Marty, directeur sportif du GF38 m’appelle pour me dire que le club projette de monter en Ligue 2 la saison d’après et compte sur moi. J’accepte!”
Mission réussie puisque le club monte en Ligue 2…
“Je retombe en amateur et ça fait du bien, ça sort du confort. A Auxerre tout était géré alors qu’en arrivant à Grenoble, je dois laver mes vêtements de foot. On fait des 7 heures de bus mais c’est à la bonne franquette et un groupe se soude. On fait une super saison, on est presque imbattables et on termine champions de National.”
Tu enchaînes ensuite deux années de Ligue 2 dont une première (2001-2002) compliquée pour le club…
“Oui carrément d’ailleurs on joue logiquement le maintien. Notre entraîneur Alain Michel était parti à Saint-Etienne et avait emmené Jean-Pascal Yao avec lui. Je me rappelle qu’on galérait énormément à l’extérieur, on rentrait souvent avec des taules des 3-0, des 4-0. Malgré ça, le groupe était soudé et s’est accroché. On a pris des points à Lesdiguières, le coach Michel est finalement revenu en cours de saison à la place de Marc Westerloppe. Si je me souvient bien, on est, à l’époque, l’équipe qui se maintient (16e place) en ayant encaissé le plus de buts et en ayant concédé le plus de défaites sur une saison.”
La seconde (2002-2003) est bien meilleure…
“Cette année-là, on a une très belle équipe. Devant, on joue avec Robert Malm et Sergio Rojas qui marquent beaucoup de buts. Honnêtement, on joue le haut de tableau assez longtemps et au niveau comptable (12e place), même si on se maintient assez facilement, il y avait bien mieux à faire.”
Quels restent tes meilleurs et pires souvenirs en Isère?
“Très sincèrement, je ne garde que d’excellents souvenirs au GF38, déjà au-niveau des résultats en plus des super rencontres que j’ai faîtes. Si je devais sortir un seul mauvais souvenir, c’est ce fameux 1/4 de finale de Coupe de France contre Troyes la première année. On est alors en National et on a la chance de jouer une Ligue 1, Troyes, à domicile. On fait un super match, on égalise deux fois et dans le jeu, on les bouffe. Mais on ne tue pas le match contrairement à eux qui marquent deux fois en fin de partie pour l’emporter (2-4). C’est un regret car cette saison, Amiens, qui jouait aussi en National est allé jusqu’en finale donc il y avait la place pour un exploit.”
Enfin, es-tu toujours en contact avec d’anciens partenaires, coachs ou dirigeants du club?
“Avec le temps, c’est difficile d’avoir la trace de chacun mais en tout cas ça me ferait très plaisir de retrouver des mecs comme Mickaël Ravaux par exemple. J’ai tout de même des nouvelles de Thierry Debès, Hervé Milazzo ou encore Mickaël Dogbé et Ibrahima Sonko.”
Le mot de la fin de Désiré Périatambée :
“Je suis évidemment toujours le GF38 qui mérite sa place en Ligue 2 voir même au-dessus quand on regarde la ville et le club. Ça me fait sourire de voir que c’est Philippe Hinschberger qui est aujourd’hui le coach car c’est lui qui m’avait recruté lors de mon passage à Niort et je garde un excellent souvenir de lui, un super mec! J’avais quitté le GF38 le cœur lourd, malgré une proposition de prolongation de 3 ans, mais j’avais 28 ans et je ne pouvais pas refuser une opportunité d’aller signer en Ligue 1 (au Mans). En tout cas, c’est à Grenoble que je me suis fais connaître, grâce à la confiance de Max Marty et d’Alain Michel, et que j’ai pu aller en Ligue 1. Je n’oublierai jamais. J’espère d’ailleurs revenir à l’occasion, avec quelques anciens, cela serait super!”.
Photos : poteauxcarres.com
Rédaction : A.S